Présent aujourd’hui, peut-être absent demain — Aislinn Leggett
À propos de l’exposition
« En 2020, j’ai été sélectionnée par les Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie pour compléter une mission photographique sur le paysage de l’Outaouais. L’exposition Présent aujourd’hui, peut-être absent demain (What you see will not be here tomorrow) documente, mon processus d’observation du paysage à travers une démarche photographique et vidéographique. Par des actions spontanées et des interventions, je questionne ma relation avec ce qui m’entoure, notre communauté mondiale et l’avenir de notre environnement. Ma pratique artistique implique la création de structures éphémères ou temporaires qui exemplifient mes interrogations sur notre appropriation du territoire, ainsi que notre négligence à prévoir la fragilité de nos ressources naturelles.
J’ai grandi à Namur, un petit village de l’Outaouais, dans la région de la Petite Nation. Les paysages de champs agricoles, de lacs, de rivières et de forêts sont ceux de ma jeunesse. Ils m’ont façonné et ont sculptés les plis de mon identité. Ces paysages sont la toile de fond de cette œuvre.
Quel regard portez-vous sur la nature ? Comment vous inscrivez-vous dans la nature ? Quel rôle pouvez-vous jouer dans notre communauté mondiale en pleine expansion ? Voici quelques-unes des questions que je me suis posées en créant cette série. Ces pensées n’ont fait que déboucher sur d’autres, plus désespérées, car mes interventions sont devenues des réflexions sur la manière dont nous utilisons ou maltraitons ; la façon dont nous nous adaptons ou modifions les paysages dans lesquels nous vivons.
L’été dernier, alors que je travaillais sur ce projet, je me suis réveillée un matin dans un épais brouillard. J’ai pris mon appareil photo et je me suis aventurée dans ce brouillard. J’ai tendu le bras devant moi, ma main est devenue floue. Dans l’impossibilité d’avoir une orientation visuelle, ma mémoire a guidé mon chemin tandis que je marchais vers la ferme. Lorsque j’ai traversé le brouillard, il s’est levé, du moins c’est ce que j’ai cru. Après avoir franchi la clôture, je me suis retournée pour voir le chemin d’où je venais. Personne ne pouvait voir que je me tenais debout dans le champ humide, et je ne pouvais moi-même pas voir si quelqu’un était debout à mes côtés. Le brouillard ne s’est jamais levé. En marchant, il se dissipa autour de moi, donnant l’illusion de la clarté. Le brouillard repris simplement sa place après mon passage. C’est à ce moment-là que je compris comment exprimer la façon dont j’essaye de naviguer dans notre crise environnementale. Comment, en tant que communautés et en tant qu’individus, il est de plus en plus frustrant de réaliser que très peu d’options s’offrent à nous pour sortir de ce train qui avance aveuglément. Heureusement, la nature reprend son espace ; c’est elle qui peut nous sauver ; tout ce que nous devons faire, c’est la laisser essayer – de lui donner cette chance.
Merci aux Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie, à Loto-Québec et à L’Imagier. Je suis reconnaissante d’avoir pu parcourir à nouveau ces paysages qui ont été, pour la plupart, laissés intacts. Un merci particulier à Henry et Peter pour leur aide. »
— Aislinn Leggett
Activités
Vernissage : 4 septembre à 18h à L’Imagier, en compagnie de l’artiste.
Postures, Yoga à L’Imagier : les jeudis de 17h à 18h et les samedis de 10h à 11h, du 16 septembre et jusqu’au 23 octobre 2021.
Biographie
Aislinn Leggett est une artiste basée à Montréal. Elle a étudié à l’Université Concordia. Dans sa pratique, elle explore les notions de féminité, de mémoire et d’archives à travers la photographie et l’installation. Elle utilise et transforme des objets hérités et trouvés. Elle gravite dans les archives de sa famille pour créer de nouvelles archives, comme une façon de préserver la lignée ancestrale, les récits familiaux et les histoires personnelles, même si sa tentative perturbe ou embellit la vérité. La répétition est un moteur constant dans son travail : collecter, défaire, emballer, reproduire, s’approprier, préserver, modifier et consommer afin de créer un précédent dans ses créations. À travers son travail, elle s’interroge sur les modes de consommation, la pluralité de la féminité et la préservation ou encore la détérioration des objets et des histoires.
Designer graphique Simon Guibord. Avec l’aimable autorisation de l’artiste. Aislinn Leggett, Lac Aiden, 2021, photographie.
L’Imagier remercie le Conseil des arts et des lettres du Québec ainsi que la ville de Gatineau pour leur soutien financier.