Exposition « Rasanblaj »

À propos de l’exposition

Artiste : Michaëlle Sergile

Commissaire : Joséphine Denis

L’exposition Rasanblaj présente une sélection d’œuvres de Michaëlle Sergile qui, par ses questionnements et ses énoncés, nous entraîne dans des vécus oubliés. Sergile fait émerger des voix mises en sourdine. Elle nous permet ainsi de revisiter de manière anecdotique, intime et historiographique, ce qu’ont été certaines expériences en Haïti sous le régime dictatorial de 1957 à 1986 des père et fils François et Jean Claude Duvalier. Rasanblaj est un recueil de voix, de membres de famille et de figures historiques, que l’artiste s’approprie afin de reconstruire et restituer les trajets qui mènent à sa propre image des pays qui l’habitent, Haïti et le Canada.

Michaëlle Sergile, artiste Haïtienne née en 1995 dont les parents ont grandi sous le régime duvaliériste, partage avec nous ici différentes histoires—dites, écrites, chantées—qu’elle rencontre dans des archives et les mémoires de sa famille. Ces histoires cherchent à compléter ou contextualiser les connexions existantes et absentes qui fondent la relation actuelle de l’artiste avec son pays d’origine. Ayant quitté Haïti pour le Québec à un âge où ne se forment pas encore des mémoires propres à soi-même, Sergile se construit une connaissance des dynamiques sociopolitiques et culturelles qui servent de piste de réflexion sur l’expérience en diaspora de sa famille. Ainsi, le travail de l’artiste témoigne du développement de son point de vue, d’une perspective critique et renseignée. Comment se retrouver tout en reconnaissant les idées formatrices d’autrui que l’on contient en soi? Comment l’expression artistique peut-elle répondre aux manques de témoignages à la première personne dans les archives? Comment marquer une rupture avec son pays et le VTT  vestige que soi-même on devient? 

Rasanblaj propose six œuvres de divers médias, du tissage, de l’audiovisuel, de la performance, de la poésie, de la construction mécanique, et autres. Ensemble, To Hold A Smile (2019-22), Fiyet Lalo (2021), Diogène (2021), 1977 Manifestasyons/Manifestations (2022), Ombre portrait #2 et #3 (2023), constituent des outils ingénieux que l’artiste adopte afin d’entrelacer des réalités forcées, imaginées, erronées, vraies. Sergile fait ressortir des récits d’Haitien.ne.s de la diaspora au Canada en prenant compte de ce désir ardent de savoir ce que c’est d’être entier, tout en maintenant une forme multiple qui rend hommage à la résistance omniprésente contre la fragmentation et le démembrement. Alors, l’artiste fait un assemblage de littérature, mythe folklorique, de pratique révolutionnaire, d’articulations poétiques, d’archives familiales pour créer et vaincre ainsi la paralysie de la méconnaissance, de l’oubli, et de la terreur.

Le titre de cette exposition est une citation de l’essai « Rasanblaj, Same-Sex Desire, and the Archive in Haiti » (2017) de Myron Beasley, en dialogue avec le roman de Jean-Elie Gilles, intitulée « Sur les Pas de Diogène» (1995). Beasley définit Rassanblaj comme « un regroupement de discours divers et divergents qui crée une performance dialogique entre le texte, l’auteur et les lecteurs. Rasanblaj permet l’émergence de thèmes génératifs qui sont ensuite interrogés pour produire des affirmations conjecturales.» Cette définition peut aussi décrire la pratique artistique de Michaëlle Sergile qui partage des spéculations qui nous encouragent à tisser un sens de soi ancré dans un imaginaire restauratif.

Vernissage | vendredi 24 mars à 18h

18h-21h : Vernissage, en présence de l’artiste et de la commissaire.

• Musique live par le groupe Zoo Legacy
• Bouchées des caraïbes par le restautant Margo

Entrée libre

Visite guidée | samedi 25 mars à 13h

13h-14h : Visite guidée, en présence de l’artiste et de la commissaire.

Joignez-vous à nous pour discuter de l’évolution du travail de Michaëlle Sergile dans le contexte de cette exposition solo de l’artiste qui proposera un regard approfondi sur les oeuvres présentées dans Rasanblaj.

Entrée libre

Biographie de l’artiste

Michaëlle Sergile est une artiste et commissaire indépendante travaillant principalement les archives incluant des textes et des ouvrages de la période postcoloniale de 1950 à aujourd’hui. Son travail artistique a pour vocation de comprendre et de réécrire l’histoire des communautés noires, et plus précisément celle des femmes, ou des communautés vivant entre des intersections, par le tissage. Medium souvent perçu comme de l’artisanat et catégorisé comme féminin, l’artiste utilise le lexique du tissage pour questionner les rapports de domination de genre et d’ethnie.

Biographie de la commissaire

Joséphine Denis est commissaire d’exposition et écrivaine dont la pratique vise à promouvoir l’art de la diaspora noire, l’engagement critique et les transformations institutionnelles. Ses approches cherchent des moyens de transmettre les complexités et les nuances spécifiques des œuvres d’un.e artiste dont la pratique est ancrée et concernée par un contexte communautaire plus large.

L’Imagier remercie le Conseil des arts et des lettres du Québec et la Ville de Gatineau pour leur soutien financier.