Exposition « Euphorie tropicale » – David Gumbs
David Gumbs
Euphorie tropicale
EUPHORIE n.f. (1732 ; empr. grec euphoria « force de porter » dér. de euphoros « qui supporte facilement, dispos », de eu [➙eu-] et pherein : « porter » [➙phore])
Méd. Impression intense de bien-être général, pouvant aller jusqu’à un état de surexcitation.
Cour. Sentiment de bien-être et de joie.
Bien-être, prospérité (d’un pays, d’une collectivité)1
TROPICAL, ALE, AUX adj. (1801 ; dér. de tropique)
A 1. Qui concerne les tropiques, la zone intertropicale, les régions situées autour de chaque tropique.de part et d’Autre de la zone équatoriale proprement dite. ➙ équatorial, intertropical. Région, zone tropicale. L’Amérique, L’Afrique tropicale – Climat tropical : type de climat chaud à faible variation annuelle de température, à forte variation du régime des pluies, qui règne de part et d’autre de chaque tropique.
(1859) Une chaleur, une température tropicale, très forte, très élevée.
(1904) Destiné aux tropiques, au climat tropical.
B (1971) Fam. Propre aux régions tropicales d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, quant aux styles de musique populaire.
Alors que le froid hivernal saisit le Canada, d’innombrables publicités nous tentent avec la promesse d’évasion vers des îles tropicales accueillantes. Ces destinations, ancrées dans notre imaginaire collectif, déclenchent une forme d’euphorie, un état de bien-être joyeux et profond qui nous éloigne momentanément de la banalité et du stress du quotidien. Les scènes typiques de cartes postales, de plages baignées de soleil et de paysages verdoyants défilent dans nos têtes, offrent une chaleureuse alternative face au froid persistant.
Ce contraste a incité une réflexion sur notre fascination pour le tropical et l’exotique. L’omniprésence de fruits et de fleurs tropicaux dans notre vie quotidienne, ornant nos vêtements, bijoux, et même nos maisons avec nos plantes d’intérieurs, est révélatrice d’une association de réconfort psychologique liée à l’imagerie tropicale.
Dans ce sens, l’invitation à présenter les réalisations de l’artiste saint-martinois, basé en Martinique David Gumbs était une belle exploration de ce contraste. Son travail, reconnu pour l’utilisation de couleurs vives aux aspects « psychédéliques » et de ses motifs floraux caribéens, s’oppose drastiquement à la vue actuelle des rues enneigées d’Aylmer.
Dans le cadre de l’exposition Euphorie tropicale présentée à L’Imagier, Gumbs dévoile l’œuvre Cosmic Flowers (2020) qui combine divers assemblages d’images numériques de fleurs tropicales et reprend le mécanisme d’un Kaléidoscope, en mélangeant par un effet-miroir les formes et les couleurs, les transformant en différents motifs. Bien que cette structure puisse continuellement tourner d’elle-même, l’œuvre s’anime en présence des participant.e.s. S’imprimant dans cet espace numérique, leurs mouvements donnent naissance à de nouvelles structures dynamiques. Ces formes font écho aux dessins intuitifs de Gumbs, un pilier de son art qui relie l’espace physique et mental. L’intensité du mouvement des individus provoque un dialogue entre les motifs floraux et les dessins, rappelant les représentations météorologiques d’ouragans et de tempêtes tropicales – phénomènes courants dans les Antilles.
L’œuvre crée ainsi une tapisserie visuelle entrelaçant la psyché humaine, le corps, les motifs floraux et les phénomènes atmosphériques. Elle présente un jeu d’échelle, nous rappelant que notre relation avec le monde devrait transcender l’envie de distraction et de loisir. Au contraire, elle appelle à une interaction équilibrée et réciproque. Ce geste – à la fois ludique et profond – illustre l’interconnexion spirituelle de divers univers ou systèmes, qu’il soit humain, végétal, planétaire ou cosmique.
Dans une union poétique, le microcosme et le macrocosme convergent dans une image unique et dynamique. L’œuvre de Gumbs, profondément préoccupée par l’impact du changement climatique sur les territoires caribéens -menacés par la montée du niveau de la mer et des conditions météorologiques extrêmes- résonne plus que jamais. Les récents incendies de forêt au Canada sont un rappel frappant de la portée mondiale du changement climatique, nous affectant tous, sans exception. Ces événements soulignent notre interdépendance et l’impératif de penser collectivement en tant que membres de l’équipage du vaisseau spatial Terre3.
Cette expérience avec Cosmic Flower est conçue non seulement pour le plaisir, mais aussi pour éveiller une conscience plus profonde de la crise environnementale mondiale naissante. Le charme des Caraïbes s’étend au-delà d’un lieu de vacances ; c’est une partie cruciale d’un écosystème complexe, interdépendant et interconnecté.
Nous sommes désormais confrontés à une question cruciale : l’euphorie vécue ici nous inspirera-t-elle à agir pour assurer la longévité de nos territoires pour les générations futures ? Ou ces moments deviendront-ils de lointains souvenirs nostalgiques éclipsés par des catastrophes climatiques en escalade ? Les choix que nous faisons aujourd’hui détermineront l’avenir de notre voyage partagé sur notre seule et unique planète Terre.
Vernissage | vendredi 16 février 2024 à 18h à L’Imagier
18h à 20h : Vernissage, en présence de l’artiste et de la commissaire.
Entrée libre / DJ / Stationnement gratuit
Discussion | samedi 17 février à 15h à L’Imagier
15h à 17h : Discussion en présence de l’artiste et de la commissaire.
Entrée libre / Stationnement gratuit
Biographie de l’artiste
David Gumbs est un artiste interdisciplinaire primé originaire de l’île de Saint-Martin, dans les Caraïbes, et basé en Martinique. Parmi ses projets récents, citons le prix européen Manifest EU, le prix national Mondes Nouveaux pour son projet Ethno Spirits, l’exposition BAC Sonic Clinic à Mocada NY. Sa première exposition solo dans un musée aux États-Unis, From Dust to gold, au Telfair Museums de Savanah. Des œuvres sélectionnées ont également été présentées au TVE Caribbean visual Exchange à Melbourne, en Australie. En 2017, Gumbs a participé à la Prizm Art Fair pendant la Miami Art week, à la Biennale de la Jamaïque, et a remporté le concours national de Street Art pour les îles de la Martinique et de Saint-Martin.
En 2016, il est lauréat de la résidence Davidoff Art Initiative à Pékin en Chine, où il a exposé au World Art Museum / China Millenium Monument. Il a également exposé à Digital à la National Gallery of Jamaica. Parmi ses autres expositions, citons Video Islands, New York et la cérémonie d’ouverture du musée Memorial Acte, Guadeloupe ; le Trinidad+Tobego Film Festival, le Transforming Spaces, Bahamas ; Beep Bop Boop New Media Festival, Floride, la Biennale BIAC – Martinique ; Art Bémao New Media, Guadeloupe ; Happy Island Project Biennal, Aruba ; et la prestigieuse exposition Latitudes, à l’hôtel de ville de Paris. Il continue à participer à de nombreux festivals de nouveaux médias en Europe et en France. David Gumbs est membre de la faculté de l’école des arts visuels du CCA où il enseigne les médias interactifs, le Motion Design et le Mix-media Design depuis 2009.
Biographie de la commissaire
Cécilia Bracmort est une artiste et commissaire franco-canadienne vivant à Montréal. Son héritage caribéen (de la Martinique et de la Guadeloupe) influence ses pratiques artistiques et curatoriales, qui sont axées sur les notions d’identité – individuelle ou collective -, de mémoire et d’histoire.
En tant que commissaire d’exposition et artiste, Cécilia considère les œuvres d’art comme des êtres à part entière, elle les écoute et les met en relation comme une entremetteuse. Curieuse et pleine d’idées, ses projets sont faits pour connecter des mondes, des milieux et des concepts qui ne se mélangent pas habituellement. Grâce à sa vision multi-focale liée à ses différentes « couches identitaires », Cecilia Bracmort veut créer des ponts entre des thèmes auxquels elle se sent connectée, tels que le sport, l’écologie, les traumatismes et la mythologie. Par son travail artistique et curatoriale, elle veut ouvrir les portes d’une autre perception du monde, encourager les gens à sortir des sentiers battus et les inviter à voir le monde sous des jours nouveaux.
En 2017, Cécilia a été la commissaire invitée dans le cadre de l’échange Montréal/Havana, produit par le RCAAQ en collaboration avec le Museo Nacional de Bellas Artes à Cuba. Elle a collaboré en tant que consultante en commissariat avec la danseuse et chorégraphe Rhodnie Désir pour sa première exposition Conversations, en lien avec sa pratique chorégraphique et son spectacle BOWT’ TRAIL au Ringling Museum de Sarasota, Floride.
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